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Les lavandières (2018)
mercredi 17 octobre 2018, par
Des apprenants du Collectif Alpha de Molenbeek ont réalisé un travail sur le thème de la lessive, au départ d’une expo à La Fonderie.
Les peintures réalisées par les apprenants du groupe Oral, les textes sur leur vécu, leurs souvenirs du passé ont fait l’objet d’une vidéo et d’une brochure et sont publiés ci-après.
Ces textes seront utilisés lors de la prochaine exposition organisée par La Fonderie sur le thème de la lessive.
INTRODUCTION
Faire sa lessive n’est pas un acte anodin.
Il est facile aujourd’hui de lancer sa machine et de ne plus y penser. Est-ce une opération banale, rapide et relativement bon marché ? Dans le passé, cet acte ménager était une opération très longue et vraiment pénible, qui demandait de la patience, de la force physique et surtout beaucoup de courage. Et peut-être parce qu’elle était si difficile, la lessive était une affaire de femmes.
Il est important de rappeler la place que prenait la lessive dans la vie quotidienne de la plupart des femmes avant l’arrivée des machines à laver automatiques et des savons chimiques. Pendant des siècles, faire son linge fut une véritable corvée sans cesse répétée qui se déroulait sur plusieurs jours dans des conditions très dures. En Belgique, nous avons oublié ces gestes qui ont depuis été mécanisés.
Aujourd’hui, alors que les machines à laver sont devenues en Occident des produits de consommation ordinaire, la lessive reste une opération pénible et laborieuse dans d’autres parties du monde. Elle est liée aux questions d’accès à l’eau. On estime que 60 % des lessives mondiales sont encore réalisées à la main, sans machine, et qu’elles sont faites par des femmes. L’accès à la machine à laver divise le monde dans une cartographie où l’inégalité devient flagrante.
La Fonderie a organisé en 2017 l’exposition « Prélavage ». Pendant neuf mois, nous avons présenté une exposition préparatoire destinée à faire parler les publics sur leurs pratiques et leurs souvenirs. Nous avons ainsi pu recueillir des dizaines de témoignages et collecter de nombreux dons pour compléter nos collections. L’apport du Collectif Alpha dans cette démarche a été important à deux titres : d’abord en pouvant échanger avec un public peu habitué aux musées sur les pratiques de la lessive, ensuite en contribuant à affiner notre compréhension de ce travail domestique par le partage d’expériences.
Ce sont ces expériences multiples qui nous aideront à réaliser une grande exposition en 2020, la « Grande lessive ». Les témoignages du Collectif Alpha occuperont une place de choix dans notre scénographie !
Que les apprenants en soient remerciés.
Pascal Majérus,
Conservateur de La Fonderie
NOS HISTOIRES DE LESSIVE
Les vêtements de tous les jours, je les mets dans la machine, mais je lave à la main les vêtements pour les cérémonies, les fêtes. Je mets les vêtements dans un seau le jeudi ou le vendredi et je laisse jusqu’à samedi avec un peu de vinaigre, et comme ça, ça va. Et puis je frotte.
Au pays, j’utilisais du savon boule. Ça s’appelle Kabakoudou. On fait ça chez nous, je ne sais pas avec quoi on le fait. Il y a des enfants qui ont bu ça et ils sont morts.
Il y a aussi du savon noir, on le fait avec de l’huile. Ce savon on l’utilise pour le premier bain du bébé. Parfois quand les gens sont malades, ils prennent un bain avec des feuilles que l’on va chercher dans la forêt et on met aussi le savon noir. Avant on utilisait beaucoup de plantes de la forêt comme médicaments. Et les gens étaient en meilleure santé que nous avec les piqûres, les comprimés…
Chez nous, il y a des rochers dans la rivière pour frotter le linge. En Guinée, il y a beaucoup de rivières pour laver le linge. On utilise des planches en bois comme des escaliers pour frotter le linge.
[(Mais les gens qui sont nés à la capitale et qui ont grandi là-bas, ils n’ont jamais été au village et ils ne connaissent rien à cette vie-là !
En Guinée, il y a des animaux avec plein de pattes. Parfois ils sont grands jusque 40 centimètres. Ils marchent par terre en tournant comme ça, comme des serpents. C’est des mille-pattes. Quand je suis arrivée en Belgique, j’ai vu des trams dans les rues. Ça m’a fait penser directement aux mille-pattes avec toutes les roues et la façon d’avancer, c’est tout à fait la même chose ! Je pense que les Blancs ont vu les mille-pattes chez nous et ils ont copié pour faire les trams et les trains !
Pas d’eau de javel chez moi, pour mes yeux ! Au Maroc, les femmes qui nettoient sont toutes brûlées par l’eau de Javel.
Au Maroc, on met même de l’eau de Javel dans l’eau du robinet.
Le savon noir s’appelle baraka au Maroc. On fait le savon noir avec le pavot.
Aujourd’hui au Maroc, on met la lessive à sécher sur la terrasse sur le toit des maisons.
Avant on mettait des pièces aux pantalons déchirés, mais quand ma mère faisait ça je ne voulais pas le mettre !
Pas de maison sans Javel ! Au Maroc, on prend le savon de Marseille pour se laver les mains, pour la douche, on appelle ça Taouz. Au Maroc, on n’a pas le choix. Ici, il y a plein de produits mieux que le savon noir.
Avant quand j’étais jeune, 14-15 ans comme ça, je travaillais dans un garage au Maroc. Je n’avais pas beaucoup d’argent, je n’avais qu’un pantalon et un t-shirt. Tous les soirs après le travail, je lavais le pantalon et le t-shirt, je les rinçais, je les essorais et après je les mettais en dessous de mon coussin sur mon lit. Je dormais dessus et le matin, ils étaient secs et bien repassés, impeccable !
Fatma
Il y a du savon avec comme du sable à l’intérieur, on frotte sa peau et après c’est tout lisse.
Ma grand-mère m’expliquait que pour se laver les cheveux, il n’y avait pas de shampoing, pas de produit chimique, on nettoyait ses cheveux et son corps avec un savon. Ce savon était comme une pierre, c’était comme de la terre que tu mets dans l’eau chaude, puis tu le mets sur tes cheveux. Ça devient comme de la crème. C’est la rhassoul, ça ne fait pas de mousse. Tu l’utilises pour laver le bébé. Il y a du blanc et du noir, le noir c’est mieux.
C’est bien de parler de l’histoire d’avant. Avant on souffrait beaucoup mais la vie était mieux.
Au Maroc, dans certains villages, il n’y a pas d’eau. Un jour, j’ai été dans le village de mon grand-père. J’ai vu plein de femmes partir avec des chevaux, j’ai demandé à mon père : « Où elles vont ? ». Il m’a expliqué qu’il n’y avait pas d’eau dans le village. Alors il fallait aller trèèès loin avec les chevaux dans la montagne, c’était dur !
Mon oncle a alors fait un grand puits et il a installé des robinets. Maintenant, il y a des robinets dans chaque maison et aussi l’électricité. Au Maroc, aujourd’hui, il y a encore des places où il n’y a pas d’eau.
Mon séchoir est en panne et comme j’avais fait 3 lessives le samedi, j’ai décidé d’aller l’après-midi au séchoir quand les enfants jouent dehors comme ça je suis tranquille. Mais il n’y a que des hommes ! Alors je laisse le linge et je demande à un enfant d’aller le rechercher.
Au Maroc, il y a aussi des lavoirs publics. C’est des grands bassins en ciment déjà construits. Chacun vient avec son linge, chacun part dans un coin avec sa lessive, il n’y a que des femmes. C’est plus facile, tout le monde descend là-bas, on ne doit pas aller chercher l’eau.
Au Maroc, chez ma sœur, il y a deux machines, mais je préfère faire la lessive à la main comme avant.
Il ne faut pas oublier la vie d’avant, pour la raconter aux enfants. Mes enfants me demandent : « comment toi tu faisais alors quand tu étais petite ? ». Je raconte « Ah, tu as fait ça ! ». Il ne faut pas dire : « non, non je ne connais pas ça », il ne faut pas oublier ce qu’on a fait avant ! J’ai rappelé à la fille de ma tante que moi j’avais peur des loups et que, elle, elle courait après les loups. Elle gardait les moutons dans la montagne, et là il y avait beaucoup de loups. Quand je lui ai rappelé ça, elle m’a dit : « Ah, tu te souviens de ça ! Moi, j’ai oublié ! ». J’ai dit : « Il ne faut pas oublier ça ».
Avec ce qu’on a parlé ce matin, je me souviens, ça revient dans ma tête.
En Guinée, on utilise du savon Omo qui est très fort. Après, les mains sont abîmées, il y a des trous dans les doigts ! Je ne sais pas ce qu’on met dans ce savon. Il y a aussi le kabakoudou, je ne sais pas avec quoi on le fabrique mais ce n’est pas bon, il fait aussi des trous dans les mains. Un jour, un enfant a pris un verre et il a bu du kabakoudou, il est presque mort. Il y a de l’acide dedans. Alors maintenant il doit manger avec un tuyau.
Au village, il y a des lacs où on va pour laver les habits. Moi j’ai peur. Quand il y a du monde ça va. Mais un jour, je suis partie au lac et j’étais toute seule. J’ai vu un serpent et je suis remontée tout de suite !
A Conakry, parfois il pleut pendant deux semaines, très fort. On est tout le temps mouillé ! Puis quand le soleil revient, tout le monde en profite pour faire sécher les vêtements. On va étendre le linge devant les maisons sur la terre, le gazon, les cailloux. Il y a du linge partout ! Mais parfois la pluie recommence. Alors, tout le monde va ramasser ses vêtements. Et quand on revient à la maison, parfois, on dit « mais c’est pas à moi, ça ! » Quand tu penses à ça après, c’est rigolo !
Moi, j’aime bien voir les choses d’avant, aller visiter, comprendre ce que tu n’as jamais vu dans ta vie. Tu vois des gens qui souffrent et qui sont comme toi, quoi !
Chez nous, maintenant, on fait beaucoup de forages et aussi on installe des panneaux solaires même dans les villages. Avec ça, si on en met beaucoup, par exemple 6 ou 7 on peut même avoir des surgélateurs, des frigos, …
Mon père était tailleur.
Il utilisait des grands morceaux de savon noir.
Il mettait dans un grand bol le savon noir et il tournait.
C’est du savon naturel !
Mon père faisait cela très bien.
Il faisait aussi de la soie.
La soie est un textile très fragile.
La soie est faite à partir de « cacas » des vers à soie.
Quand j’étais petit, les femmes du village se mettaient ensemble pour faire la lessive.
Elles partaient à la rivière à pied. Elles portaient de grands paniers de linge. Le chemin était étroit et très raide.
Il fallait faire attention de ne pas glisser sur ce petit chemin.
Mes frères et moi, nous portions aussi le linge sale.
Les femmes brossaient le linge sur de grosses pierres à l’aide de brosse, elles travaillaient et parlaient ensemble.
Puis, elles le rinçaient. Et nous, les enfants on les mettait sur les grosses pierres.
Une fois séché, nos mères pliaient le linge et le rangeaient dans le panier. Et nous rentrions à la maison, les femmes parlaient entre elles.
Les femmes se réunissaient toujours pour travailler ensemble : faire du bois, porter le bois. Il n’y avait pas d’électricité.
Un jour elles travaillaient chez une, l’autre jour chez une autre, et elles tournaient.
Quand nous sommes venus en Europe, ma mère a eu une machine à laver. Elle était contente. C’est mon père qui lui a expliqué comment ça fonctionne. Mais même avec une machine à laver à la maison, elle préférait laver le linge à la main.
Pour faire du café, on prenait des dattes, on les mélangeait à de l’eau chaude et l’on tournait, tournait jusqu’à ce que ça devienne du ‘café’. On ‘brûle’ les dattes, et cela devient noir ensuite on les écrase. On chauffe toute la journée, puis on laisse reposer. Dans le fond il y a de la poussière, comme du marc de café, mais le liquide est noir comme du café. Le matin, on le boit, c’est comme du café. Comme les dattes sont légèrement sucrées et que la couleur est la même que le café, nous avons une bonne tasse de café pour se réveiller le matin.
Quand j’étais petite, je me rappelle ma grand-mère qui lavait le linge.
Ma grand-mère avait un puits dans son jardin.
Elle pompait l’eau.
Puis mettait dans une grande bassine les vêtements, elle frottait avec une brique à savon.
Pour rincer, elle lançait des seaux d’eau sur le linge, puis l’essorait et le pendait sur un fil dans le jardin. En hiver, le linge était gelé et les mains de ma grand-mère toutes rouges.
Pourtant, elle avait une machine à laver, mais elle préférait laver dans son petit jardin bruxellois.
Aïssatou
Quand j’étais petite, ma grand-mère et moi allions cueillir des fruits. C’était des noix, il fallait les casser.
Ma grand-mère les écrasait et les cuisait avec de l’huile de palme, puis mélangeait avec de la cendre, et cuisait le tout. Ça devenait dur.
Pour finir c’était une boule dure de savon.
Quand un bébé naît, on lave le bébé avec ce savon.
Aujourd’hui, on utilise du savon liquide.
Mais avant, on utilisait du savon fait avec de l’huile de palme.
C’était des grosses boules, ça lavait très bien. On ne trouve pas cela en Belgique. L’huile de palme c’est rouge, ça vient des palmiers.
On l’utilise aussi pour mettre sur le corps.
Quand le bébé nait, on fait des massages avec l’huile. Ça enlève la saleté et la peau est lisse.
Quand j’étais petit, toute la famille partait faire la lessive à la rivière. Les ânes portaient les paniers de linge.
On partait toute la journée et on faisait un pique-nique.
Quand je partais avec ma mère à la rivière pour laver le linge, je me rappelle que les femmes prenaient de la terre pour laver.
Cette terre était blanche, ça ressemblait au calcaire.
Quand j’étais petite dans mon pays, il y avait des arbres et on allait cueillir quelque chose de blanc.
On mettait dans des paniers et après ma grand-mère filait avec un morceau de bois.
C’était du coton.
Quand elle avait fini de filer, elle apportait à quelqu’un qui faisait le filage pour faire des pagnes.
Fatiha
Quand j’étais petite, je lavais le linge dans une grande bassine en métal.
Ma mère avait 13 enfants, j’étais la plus grande fille de la maison. J’avais 2 sœurs et 10 frères. A 12 ans, j’ai dû quitter l’école pour travailler à la maison. Je faisais le ménage et m’occupais de mes frères et sœurs. Je me levais tôt le matin.
Pour la lessive, je la faisais dans une grande bassine en métal et je frottais les vêtements sur une planche en bois de pin ondulée. La planche ondulait quand elle était neuve, mais avec les heures de travail elle devenait lisse. Mes mains avaient une grosse boule dure près du poignet à force de toujours frotter. Mes ongles étaient partis, l’eau entrait dans ma main. J’avais très, très mal aux mains. Tous les jours, je faisais la lessive.
Il y avait beaucoup de petits enfants à la maison et pas de Pampers, je lavais beaucoup tous les jours.
Je n’ai jamais joué quand j’étais enfant, je faisais le pain, le nettoyage, la lessive, je m’occupais des enfants. Je préparais à manger avec ma mère.
J’ai fait cela jusqu’à mes 15 ans. A 15 ans, je me suis mariée. Quand mon mari est décédé, je suis partie chercher du travail dans une usine de textile. Ma fille avait 9 ans à ce moment.
Dans le temps, ma grand-mère lavait la toison du mouton avec de l’aloé vera. L’aloé vera est une plante. Elle coupait un morceau et grattait l’intérieur de la plante qui avait la consistance du gel. Puis, elle la mettait dans une grande bassine. Alors, elle entre dans la bassine, et marche sur la toison du mouton et sur l’aloé vera, la mousse sort de la plante.
Ensuite, elle prend la planche en bois et lave la laine du mouton en frottant beaucoup. Elle rince, puis elle la met à sécher sur les buissons.
Une fois la laine devenue sèche, elle la carde avec deux brosses qui écartent la laine pour qu’elle devienne plus fine avant de la filer.
Ma grand-mère la donne à une personne qui va se charger d’en faire une couverture, un tapis, une djellaba. Cette personne a un métier à tisser pour réaliser toutes ces belles choses.
Mohamed
J’avais 8 ans, j’étais à l’école. Un jour, le professeur m’a demandé d’aller chercher de l’eau à la rivière. Sur le chemin, j’ai trouvé un serpent de 2m, le serpent m’a regardé et je l’ai toujours gardé dans ma mémoire jusqu’à aujourd’hui.
Alors, j’ai changé de chemin et j’ai ramené l’eau à l’école.
J’ai raconté cela au professeur, il n’a rien dit. Mais moi j’ai eu peur, très peur !
Quand j’étais petite ma grand-mère m’a raconté qu’à la campagne on allait chercher dans la montagne des plantes pour faire la lessive. On ramassait des plantes et des morceaux de terres. Avec ça, on peut faire la lessive ou la vaisselle.
On coupe en petits morceaux, on les met dans l’eau, puis on enlève les feuilles. Ensuite, on met les vêtements dans l’eau chaude et on lave avec ces plantes. On bout pour tuer tous les microbes.
Pour la lessive on frottait avec les feuilles car on n’avait pas d’éponge.
Saïda
Quand j’étais petite, j’allais à la rivière avec ma grand-mère et mes sœurs. On mettait le linge sur l’âne et on marchait jusqu’à la rivière. Ma sœur et ma grand-mère nettoyaient, frottaient tous les vêtements. Moi, j’étais trop petite pour ce travail et je jouais dans l’eau comme si j’étais à la piscine.
Le savon que l’on utilisait était le ‘kef’, une brique de savon avec l’empreinte de la main de couleur blanc - jaune clair. On l’achetait, et c’est avec cela qu’on nettoyait les vêtements.
Aujourd’hui, ma sœur utilise TIDE, mais ma grand-mère utilisait une plante, une plante que l’on trouve dans la montagne. Moi, je ne connais pas cette plante.
Quand j’étais petite, on nettoyait les couvertures dans la cour de la maison, donc à l’extérieur. C’était un travail d’été. C’est moi et ma sœur qui faisions ce travail, on avait 13-14 ans. Pour la couverture, on la met dans une grande bassine.
On lavait avec les pieds. On les laissait sécher sur une grande planche en bois. Ensuite, on les mettait sur des fils sur la terrasse du toit de la maison.
Pour le linge, on prenait une planche en bois spéciale, ondulée comme un petit escalier pour que l’eau sale coule. On frotte avec les mains.
Le jour de l’Aïd, nous prenions la laine du mouton et on en faisait des oreillers, on les rembourrait. On faisait aussi des tapis.
On mettait du sel sur la peau, ensuite, on l’emballait dans un plastique bien fermé et quand cela puait cela voulait dire que la toison du mouton s’est détachée de la peau. Avec la peau, on peut faire beaucoup de choses, notamment des instruments de musique comme un bendir ou une guitare.
Quand j’étais petite.
Tous les jours, j’allais chercher de l’eau au puits. Je tirais l’eau du puits, l’eau arrivée en haut, je la versais dans les seaux pour les porter jusqu’à la maison. C’était l’âne qui se chargeait du transport. Mes 2 grandes sœurs nettoyaient à l’eau la maison, elles faisaient cela avec un torchon et du savon. Elles lavaient aussi le linge.
Dans la montagne, on ramassait des cailloux rouges, c’est-à-dire de la terre rouge. On met les cailloux dans un seau et c’est comme le savon, après on ajoute de l’eau, on nettoie, le sol devient tout propre. Le sol est en terre car c’est une maison en terre avec 3 pièces.
Pour faire les murs de la maison, on utilise de la chaux, cela mousse et on refait les murs régulièrement chaque année. On fait cela surtout pour les fêtes, l’aïd, les mariages,…
Je n’ai jamais vu ma grand-mère utiliser le savon fabriqué avec des plantes.
A la maison, il y avait beaucoup de moutons. J’ai beaucoup joué dehors avec les autres enfants. On jouait jusqu’à la nuit tombante. On jouait à saute-mouton, à la corde, à cache-cache, au malin (= les osselets), à la toupie, on jouait à beaucoup de jeux.
Pour faire le savon, on sèche la plante, on la met dans l’eau, puis on chauffe le tout. On laisse reposer, ensuite on utilise ce liquide pour laver.
Après avoir tondu le mouton, on va à la rivière pour nettoyer la toison. On la met dans l’eau, sur une pierre de la rivière, on jette beaucoup de seaux d’eau et on tape avec un grand morceau de bois qui a la forme d’une balle de baseball. Ce bois vient du dattier, les branches ont cette forme.
On met la toison dans la rivière pour la rincer. Ensuite, on la met à sécher sur les rochers ou les buissons proches de la rivière.
Mamadou
Quand j’étais petit, mon grand-père allait à la rivière pour laver le linge. Mon grand-père m’a raconté comment on faisait quand on n’avait pas de savon acheté en magasin. Ce savon était très rare.
Le savon était fabriqué avec une plante, en peul elle s’appelle kapélégé. Il utilisait les feuilles de cet arbuste. Avec les feuilles, on frotte les vêtements. Tu prends 2 feuilles, tu les mets dans l’eau et beaucoup de savon, beaucoup de mousse en sort. Ces feuilles sont cueillies sur des arbustes en forêt. Tout le monde, tout le village allait ensemble travailler à la rivière.
J’ai une histoire à raconter avec l’eau. Une fois, j’ai été au marché à la ville avec mon âne et mon petit frère de 3 ans. J’ai laissé mon âne pour aller acheter ce dont j’avais besoin. J’ai acheté du poisson, des légumes, des fruits, de la viande,… J’avais dit à mon petit frère de m’attendre.
Quand j’ai eu fini, je me suis dirigé vers l’endroit où j’avais laissé mon âne et mon petit frère, mais ils avaient disparus. La rivière avait subitement monté emportant tout avec elle. Heureusement, des gens ont sauvé mon petit frère, mais plus d’âne. Mon âne avait disparu, je l’ai cherché partout. Après 2 mois, je l’ai retrouvé. Dès que je l’ai vu, mon âne a couru vers moi tout content de me retrouver. C’était un homme qui l’avait pris et gardé chez lui. Comme il s’en était occupé pendant 2 mois, il me réclamait 15 euros pour la pension. J’ai dû trouver 15 euros pour enfin récupérer mon âne. Pourtant l’âne avait travaillé pour lui, porter des choses lourdes mais j’ai quand même dû payer pour la nourriture qu’il lui avait donnée.
Je me rappelle la laine des moutons et la fabrication des tapis. Nous prenions la fourrure du mouton pour la nettoyer à la rivière, on la battait, on la laissait tremper dans l’eau, puis on la savonnait et on la laissait sécher. Ensuite, on brossait la laine pour la séparer de la peau. On prenait la plus belle laine et la plus blanche, on leur donnait des couleurs (on les teintait) pour ensuite en faire des tapis avec de très beaux motifs. Avec le métier à tisser apparaissaient des petits dessins sur le tissu. Puis on les vendait.
Didile
Au Congo, ma grand-mère faisait la lessive avec de l’argile ou de la cendre ou encore du charbon de bois.
Le charbon de bois c’est aussi très bon pour nettoyer les dents, c’est une poudre et on l’utilise comme du dentifrice.
Pour le savon on prend des feuilles de papaye, on les frotte entre les mains et ça fait de la mousse.
Ma grand-mère habitait un petit village. Pour la lessive il fallait aller jusqu’à la rivière, on devait marcher une heure, on emmenait tous les habits pour les laver là-bas.
Dans mon enfance, j’habitais Kinshasa mais vers 13-14 ans j’ai été puni, j’avais fait des bêtises et j’ai été envoyé chez ma grand-mère. Ma grand-mère habitait un petit village loin de la capitale. Le village se trouvait à plus de 800 km de la ville. J’y ai passé un an et demi. Au village la vie est trop simple, il y a 50 personnes qui y vivent, puis après le village c’est la brousse.
UN PEU D’HISTOIRE
Voici le résultat des recherches des apprenants sur l’histoire de la lessive au cours des âges.
Il y a très longtemps, en 1582.
En France, la lessive se faisait en plusieurs étapes.
Les lavandières chauffaient l’eau. Elles trempaient le linge dans l’eau savonnée, le battaient.
Elles le rinçaient à la rivière. Elles l’étendaient sur un fil ou sur l’herbe. Ensuite, le linge était repassé, plié et rangé.
Il y a très longtemps, en 100, à Rome.
Ils lavaient le linge avec de l’argile et de l’urine.
Ils lavaient la lessive dans des ateliers spécialisés. Ils trempaient le linge dans des bassins d’eau chaude, puis ils le battaient avec les pieds.
Ils l’essoraient avant de le faire sécher.
Il y a très longtemps, en 1748, à Bruxelles.
On étendait le linge sur un terrain près de la Grand-Place.
Une rivière passait tout près. Et là, se trouvait une blanchisserie où les lavandières lavaient le linge.
C’était près la rue Neuve, à la Place des Martyrs.
Il était interdit de laver son linge dans les fontaines, les Bruxellois le lavaient à la rivière.
Il y a très longtemps, en 1650.
En France, les femmes lavaient le linge.
A cette époque, on a peur de l’eau,
on pense que l’eau apporte des microbes.
Alors, on lave à sec !
On met le linge dans une grande cuve,
on le recouvre d’un tissu.
Ensuite, on met de la cendre,
on verse un peu d’eau.
La cendre traverse le linge et dissout la saleté.
Bénédicte Verschaeren, Nathalie De Wolf, Eduardo Costanza, Patrick Michel et Firdaous Miyouf